Cacao : on fait le point !

27 novembre 2020
3 min

Le défi de la filière cacao est de trouver un compromis entre ses objectifs environnementaux, sociaux et productivistes, pour d’une part, s’inscrire dans une démarche de production durable et d’autre part, répondre à la demande mondiale tout en assurant des prix justes et rémunérateurs aux producteur·ice·s.

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Le cacao, un agent de la déforestation en milieu tropical

Comme de nombreuses cultures tropicales, le cacao a vu sa demande mondiale très fortement augmenter ces dernières années. Pour répondre à cette demande, l’accroissement de la production entraîne le sacrifice de grandes surfaces forestières.

Depuis des décennies, les producteur·ice·s de cacao pratiquent l’abattis brûlis : technique de défrichement forestier par le feu qui permet d’avoir des terres très fertiles pour produire du cacao. Cette technique largement répandue a érigé le cacao en un agent de la déforestation.

Quelles répercussions en Afrique de l’Ouest ?

En Afrique de l’Ouest, la culture de cacao a peu à peu fait reculer les fronts forestiers. En cause, on peut relever, entre autres, la faible productivité des cacaoyères due à leur vieillissement, le développement de maladies, de ravageurs, les dérèglements climatiques et la perte de fertilité des sols. Cela pousse les producteur·ice·s à s’engouffrer davantage dans les forêts pour y étendre leur production, avec des répercussions désastreuses notamment en Côte d’Ivoire et au Ghana, où cela s’est traduit en 2018 par la disparition de 14 000 hectares de forêt en 2018, soit l’équivalent de 15 000 terrains de football (Mighty Earth, 2018).

La filière cacao a ainsi été identifiée comme étant le premier facteur de la déforestation en Côte d’Ivoire et au Ghana, ses deux principaux pays exportateurs.

Une production non durable

En plus d’être un agent de la déforestation, la culture de cacao entraîne une utilisation abusive d’intrants chimiques pour booster le déclin des rendements. La perte de biodiversité qui s’ensuit déséquilibre les relations entre les espèces, et diminue les services environnementaux rendus par les écosystèmes.

De plus, le cacao n’est pas vendu à un prix suffisamment rémunérateur pour les producteur·ice·s, qui peinent à subvenir aux besoins de leur famille. La plupart des 5 millions de petits producteur·ice·s de cacao dans le monde vivent sous le seuil de pauvreté.

En effet, aujourd’hui, les producteur·ice·s touchent un prix à la fève de cacao deux fois moins important qu’en 1989. À l’époque, ils percevaient environ 1,2 USD / kg de cacao soit l’équivalent de 2000 FCFA actuels.

Cela les incite à étendre davantage leur production en empiétant sur la forêt, plutôt qu’à réhabiliter leurs vieilles cacaoyères à un coût inabordable pour eux.

Quelles solutions ?

Le défi de la filière cacao est de trouver un compromis entre ses objectifs environnementaux et économiques pour d’une part, s’inscrire dans une démarche de production durable et d’autre part, assurer des prix rémunérateurs aux producteur·ice·s.

Le développement de pratiques agroécologiques, l’agriculture biologique et l’agroforesterie en particulier, apparaissent comme des solutions pour atteindre une filière cacao plus durable.

En ce sens, le programme ÉQUITÉ accompagne et soutient de nombreuses organisations de producteur·ice·s en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Togo dans le développement d’innovations paysannes s’inscrivant dans cette transition agroécologique.